Nous avions fixé la date depuis longtemps. Jacques et Manu, équipiers expérimentés, avaient accepté de s’inscrire sur la liste d'équipage pour faire ces quelque 300 milles de Saint Quai Portrieux à Nieuport.


retour.png

Papiers, banque, administration, douane, lettre de pavillon, enregistrement VHF,... Les semaines passaient et nous laissaient loin de la navigation. Nous pouvions voir le voilier tous les jours en ouvrant le navigateur internet connecté sur la webcam du port.

Enfin, le samedi 2 avril, après avoir mangé dans une crêperie et arrosé le repas de cidre, nous étions à bord. Déjà un air de vacances!

Nous avons consacré la journée du dimanche à découvrir le voilier, à le préparer et à y ranger tout ce que nous avions amené: Matériel, cartes, bagages, vivres, annexe, moteur,... Tout y est rentré sans problème, mais il faudra encore se rappeler l'emplacement provisoire de tous ces objets.

Mauvaise nouvelle, j'avais fait nettoyer la coque lors de l'expertise et en deux mois et demi, elle Ă©tait recouverte d'une belle couche d'algues de 2 cm... Rontudjuu!

BRYC.jpg Après avoir hissé le pavillon national, le pavillon de courtoisie et le fanion du BRYC, Bruxelles Royal Yacht Club, le voilier commençait une nouvelle vie. Le nouveau nom, en papier plastifié a été collé provisoirement. Oui, le voilier a été rebaptisé et non, nous ne pensons pas que cela porte malheur.

Nous sommes partis le lundi matin pour notre première étape, St Peter Port à Guernsey. Avril 2011 a commencé sous l'influence de l'anticyclone des Açores: Le trajet s'est principalement fait au moteur, qui tourne comme une horloge avec un niveau de bruit tout à fait confortable. Vitesse? Mystère, l'hélice de loch pleine d'algues ne tourne pas ...

Nous aurons un moment de vent qui permettra de constater que les voiles de série ont une coupe bien meilleure que ce que l'on aurait pu croire. Bonne nouvelle, mais nous verrons, plus tard, dans la brise lors des premiers tours de rouleau.

IMG_0069.jpg

C'est Jacques qui sortant la tête de son livre va nous donner la phrase du jour à méditer:

'Exister est un fait, vivre est un art. Et le défi est de passer de la peur à l'Amour'


St Peter Port Guernsey:

Efficacité et précision Anglaise pour notre accueil et amarrage sur un ponton du port. Après avoir constaté que nous n'avons pas d'animaux à bord, nous recevrons une brochure sur l'île et des indications sur les facilités du port. De toutes façons nous partons demain matin à 7 heures, mais nous reviendrons cet été.

On tient un équipage par la nourriture, mais c'est l'équipage qui nous a préparé à tour de rôle différents plats délicieux: Pas de risque de mourir de faim à bord.

Le lendemain, 6 heures 30, réveil! et le vent souffle. La météo confirme les 6 bf dans le raz Blanchard, peut être plus au cap. J'ai bien hésité, cela nous démangeait, mais je me suis dégonflé... Nous ne connaissons pas encore le bateau, ses équipements, l'électronique, nous n'en avons pas fait le tour, nous découvrons, plutôt le faire dans un temps plus calme. Et voici donc une journée à passer dans cette étrange et merveilleuse île Anglaise.

Petit déjeuner full british à terre! Gonfler la nouvelle annexe Suzumar, installer le moteur Suzuki 6cv et à terre. Juste le temps de constater que le vendeur de Plaisance Diffusion à Bruxelles avait dit vrai. L'annexe déjauge très facilement à 1 ou 2 personnes avec ce moteur et encore, nous respectons le rodage.

A terre, premier carrefour, première surprise, ah, oui, ils roulent à l'envers. Nous avons trouvé notre petit déjeuner entre deux banques et nous avons passé ensuite une journée à bricoler, découvrir et ranger le voilier. Puis nous avons fait le tour de l'île en bus. Cette île plus habitée que prévu, offre des paysages magnifiques, de campagne et de criques pleines de rochers.

Et le lendemain à 7 heures, debout et départ, marée oblige. Bien sûr le vent est tombé. N'aurions-nous pas dû partir hier? Trop tard pour les regrets, moteur avec une belle houle de NW.

Depart_St_peter.jpg

Le vent d'Est va nous aider à passer le raz en nous offrant un près bon plein puis, au cap, un calme plat. Puis avec une vitesse sur le fond de 11 nœuds nous continuerons au moteur jusqu'à Boulogne en faisant des quarts de deux heures car les nuits sont froides. 11 nœuds au début car un léger début de mal de mer m'a fait regarder les cartes de courant un peu trop globalement et notre vitesse fond descendra un temps à 0,5 à 1 Nd. Nous aurions peut-être dû nous arrêter six heures à Cherbourg.

debut_de_nuit_froide.jpg

Nous aurons droit à de belles journées ensoleillées et à une température entre 14 et 17 degrés dans le voilier. La nuit étoilée a été superbe avec des étoiles filantes. Mais je ne l'ai pas trop vue occupé à tester les multiples touches et fonctions de l'électronique et à rechercher pourquoi le pilote automatique perd régulièrement le contact avec son compas et nous fait faire de grands cercles ... Rien d'autre à signaler, si ce n'est le dysfonctionnement de la toilette arrière ... Rontudjuu, ce sera une de plus que je démonterai dans ma vie de marin, mais ce sera pour plus tard car il reste celle de l'avant.

Jeudi_midi.jpg

Boulogne:

Nous arrivons vers 16 heures, juste avant la renverse du courant pour faire le plein de fuel. Mais la marina est en dragage, la pompe est fermée et il nous faut faire 2 km à pied pour en trouver une autre et ramener 20 kg de fuel qui ne sont sans doute pas nécessaires, mais la jauge est-elle bien indexée? Nous retiendrons surtout l'apéritif pris au soleil à une terrasse où nous ressentons un peu le mal de terre.

De retour à bord, nous versons le diesel dans le réservoir lorsqu'un Zodiac noir s’amarre à l'arrière: Douane Française. Les effets de l'apéritif aidant, je les accueille en leur présentant la couleur du diesel qui est conforme. Réponse: 'Le diesel c'est bon, voyons le reste'. Ils ne sont pas là pour rigoler, mais nous passerons un très bon moment avec eux.

Le reste, ce sont les papiers qui sont en ordre. Nous avions été survolés par un hélicoptère de la police et ils avaient remarqué que le nom du bateau était maquillé. J'aurais bien voulu obtenir la photo prise de l'hélico, en souvenir, mais ce n'était pas prévu. Par ciel clair, nous l'avions vu mais ces hélicoptères peuvent aussi filmer à l'infrarouge à travers les nuages et leur caméra voit les plus petits détails. Les 3 douaniers nous quitteront après avoir refusé (le chef surtout) notre petit calva.

Départ de Boulogne à 00:30. Nous serons retardés par les manœuvres d'une énorme drague à la sortie du port. Plusieurs bouées blanches nous barrent le chemin. Pourtant les feux de la drague sont clairs: Capacité de manœuvre réduite, mais pas de signaux indiquant un passage fermé ou ouvert. Or le plan d'eau est bouché! En approchant doucement, Manu, à la proue constatera que ces bouées non éclairées ne sont que des paquets de mousse produits par la drague. En route donc vers la sortie. Et de nouveau cette étrange sensation de quitter la lumière et la civilisation pour s'enfoncer dans l’inconnu des ténèbres...


Nieuport:

J'ai toujours aimé ce trajet: Passer le cap Gris-nez, traverser le ballet des ferries de Calais, voir la couleur de l'eau qui change, découvrir la passe de Dunkerque éviter quelques autres paquebots, passer la frontière, remonter vers le large pour éviter les hauts-fonds et quelques épaves et enfin Nieuport. Le vent s'est enfin levé vers 5:20 et nous a permis une belle navigation du travers au bon plein pour enfin entrer vers 11 heures, à la voile dans le port.

Cela faisait 12 ans que je n'avais plus navigué en Belgique.

Bonjour les bancs des Flandres avec votre eau d'une belle couleur sombre et boueuse. Heureux de vous retrouver.

entree_Nieuport.jpg